15 mars 2011

Teebs et Jeremiah Jae au Petit Social à Paris.

Mardi soir dernier, je me suis rendu au Social Club à Paris, rebaptisé Le Petit Social pendant les débuts de semaine, pour voir Teebs et Jeremiah Jae, tous deux signés sur Brainfeeder, tous deux acteurs de la scène Analogue et Abstrakt Hip Hop, et surtout tous deux très talentueux. Une occasion rêvée pour écrire une première revue de concert, afin de vous faire vivre ce spectacle à travers mon récit.

Je débarque vers 22H50 dans le club. Holy Ghost! passait à partir de 21h, mais hélas je ne pouvais pas y aller plus tôt, ayant un peu de travail à faire. Les quelques personnes dans la boîte ne m'ont pas l'air franchement là pour voir ce qui suit, mais plutôt juste parce qu'ils sont habitués à venir picoler par ici. Je ne peux pas vraiment dire que l'ambiance est à mon goût, ni que je suis à mon aise au milieu de cette population dont je ne fais pas partie. Du coup, je préfère me concentrer sur la musique.

La soirée commence pour moi par un DJ set d'un pur inconnu, plutôt agréable dans sa haute teneur en Nu Disco et Nu Funk. Celui-ci gagne d'autant plus mon respect lorsqu'il termine son set sur l'excellent "High Hopes" par Onra. (la version sans Reggie B hélas)

Pendant ce temps là, Jeremiah et Teebs boivent un coup tranquillement, en taillant l'bout d'gras avec quelques clubbers, sans doute ceux qui connaissaient les DJs avant d'arriver devant le videur ce soir là.

La soirée continue, et monte dans le box un certain Lord Boyd, producteur et DJ parisien, officiant dans l'Analogue, le Wonky et l'Ambient. Le set est vraiment très bon, plutôt fluide, et même s'il n'est pas franchement dansant, en ce qui me concerne, je kiffe beaucoup. Pour que vous puissiez vous faire une idée, voici un de ses sons.

 

Après une quarantaine de minutes, et quelques applaudissements bien mérités pour Lord Boyd, Jeremiah Jae s'approche de la console. Forcément, je me rapproche significativement pour bien voir le Californien, et sentir les beats plus proches de moi. (J'ai bien écris B-E-A-T-S de cette manière, bande de vicelardes...) Il est 00h30 quand celui-ci, caché derrière un masque doré, sa capuche noire, et armé de son contrôleur, débute son set. Et on part direct dans de l'Abstrakt Hip Hop bien trempé. Comme lorsqu'il rappe, Jeremiah mixe de façon nonchalante : pas de casque pour assurer les transitions, celui-ci préfère cut au climax du morceau pour passer instantanément à la suite ; le micro est son meilleur pote, mais pas pour poser son flow sur les sons, juste pour ajouter des commentaires, même quand c'est un simple "This shit is dope !" ; passer une intro en boucle, et couper avant que la chanson ne commence vraiment n'est pas un problème pour lui, comme en témoigne "GNG BNG" par FlyLo, dont on a du entendre 20 secondes à peine... D'ailleurs Jeremiah a parfois quelques mésententes avec son matos... Tous ces facteurs réunis ont fait de son set un mix totalement déstructuré, parfois même dissonant, mais surtout complètement cosmique, même quand celui-ci ose passer des remixes de classiques comme "A Milli" par Lil' Wayne ou "Killing Me Softly" par les Fugees et Lauren Hill. Tout cela sublimé par l'entrain de Jae, totalement aspiré et transcendé par la musique.


Cela dit, après une heure de beats éclatés, les applaudissements sont très timides. À croire que le public de ce soir ne s'attendait pas à ça de la part d'un mec qui passe de l'Abstrakt... Néanmoins, les claps se font entendre à l'arrivée de Teebs, qui était d'ailleurs juste à coté, ne ratant pas une miette du show de son pote. Mais contrairement à celui-ci, la star de la soirée n'est pas bavarde. Après trois mots qu'on peut résumer par "Bonsoir", il commence son set. C'est aérien, envoûtant, et putain, c'est vraiment bon. Le mix est fluide bien que Teebs mixe aussi sans casque, son matos lui permettant des transitions plus faciles. Je crois que le mot que je cherche pour définir ce que j'entends est duveteux, parce que comme une pêche c'est doux à l'extérieur et juteux à l'intérieur... Non j'déconne ! Ca glisse juste parfaitement et les bons sons coulent comme il pleut en Bretagne. La plupart de ceux-ci sont ses propres productions d'ailleurs, mais cela ne l'empêche pas de passer un peu de Flying Lotus, ('faut bien faire mousser l'patron !) de Samiyam, de Mono/Poly ou encore de Dimlite. Et c'est sans doûte grâce à ces sons que l'ambiance a un peu gagné en intensité en cette fin de soirée.


Aux environs de 3h, après des salutations rapides, puisque l'Teebs est un timide, j'ai décidé de me casser, et de ne pas attendre la fin du set du dernier duo de DJs, qui ressemble trop à ma playlist d'ailleurs. Je cherche ma veste, lance un coincé "Au Revoir" au videur, et me dirige vers chez moi à pattes dans Paris, comme guidé par l'appel de mon pieu, qui devait avoir hâte de goûter à mes songes débordants de sonorités électroniques...

Par Darius.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire